Passion Apiculture

Passion Apiculture

Marc Renou et Romuald Perez sont responsables d’affaires à Vallauris, respectivement chez ELSYS Design et AViSTO. Ils partagent avec nous leur passion commune pour l’apiculture, qui va bien au-delà de la récolte de miel. Être apiculteur amateur, c’est aussi s’inscrire dans une démarche de protection de la biodiversité. Ecoutons leur échange amical et complice.

Question : Vous êtes apiculteurs amateurs, ça consiste en quoi ?

Romuald : Il s’agit d’élever et de prendre soin de colonies d’abeilles. Mais il y a autant d’apicultures que d’apiculteurs, chacun a ses propres objectifs et manières de faire ; un peu comme la cuisine.

Marc : Avec cette activité, nous souhaitons également participer à la protection de la biodiversité car les abeilles et les pollinisateurs de manière générale sont en danger.

 

Q : Pourquoi ?

Marc : Les abeilles ont cent millions d’années d’existence, donc elles savent normalement se débrouiller toutes seules. Malheureusement, depuis cinquante ans, on les arrose de pesticides et de produits chimiques, on les installe dans des ruchers « HLM » utilisés pour de la production industrielle, elles sont attaquées par le frelon asiatique, sans oublier la varroa, un acarien qui constitue une véritable plaie pour les apiculteurs. Tout cela les a rendues plus fragiles. Là où une ruche pouvait produire quarante kilos de miel par an, c’est beaucoup plus difficile d’atteindre ce niveau aujourd’hui.

Romuald : Produire du miel est devenu beaucoup plus technique de nos jours, ce n’est plus « plug and play » comme cela pouvait l’être avant.

 

Q : Justement, que faut-il faire ?

Marc : Déjà, préparer ses ruches. Nous utilisons globalement trois types de ruches : horizontales, de biodiversité et traditionnelles.

Les traditionnelles, ce sont celles que tout le monde connaît, cubiques. Elles facilitent l’extraction du miel et les visites pour contrôler la bonne santé de leurs habitantes. Ensuite, les ruches horizontales, inspirées de celles faites en Afrique, on les appelle aussi ruches tronc ; leur utilisation date de plusieurs centaines d’années. Enfin, les ruches de biodiversité, qui ne nécessitent aucune intervention humaine une fois l’essaim installé ; il peut s’agir de ruches tronc positionnées horizontalement ou verticalement, de ruches en osier etc.

Personnellement, je construis moi-même mes ruches horizontales et de biodiversité, tandis que Romuald réalise des ruches traditionnelles.

 

Q : Comment peupler ses ruches ?

Romuald : la manière simple, c’est d’acheter des essaims sur internet, ils sont ensuite livrés par colis. Mais il existe aussi une manière plus intéressante : les récupérer dans la nature, ou plus généralement là où ils se trouvent…

 

Q : C’est-à-dire ?

Romuald : Les abeilles vivent en colonie. Quand la colonie est assez grosse ou décide que c’est le moment de se diviser, la reine quitte sa ruche d’origine avec un gros groupe d’abeilles pour créer une nouvelle colonie (c’est un processus similaire à celui de la division d’une cellule, mais au niveau d’une colonie). La colonie d’origine, orpheline, va élever une nouvelle reine ; les ouvrières vont nourrir certaines larves avec de la gelée royale.

Le nouvel essaim va ainsi s’installer ailleurs, en des lieux où les abeilles ne sont pas toujours les bienvenues (lieux publics, cheminées…). Nous avons donné nos coordonnées à des sites spécialisés qui recensent des apiculteurs susceptibles de venir les récupérer ; Marc est également connu des pompiers locaux.

 

Q : Récupérer un essaim, ce n’est pas trop dangereux ?

Marc : Non, car nous refusons les interventions périlleuses, par exemple sur les toits. Pour autant, c’est une aventure exténuante à chaque fois. Il y a le stress en lui-même de vouloir récupérer l’essaim sans trop malmener les abeilles, mais aussi la chaleur dans la combinaison car ces extractions se passent toujours à la fin du printemps ou durant l’été. Par exemple, sur la photo, l’essaim se trouvait dans la conduite d’aération d’une maison de dix mètres de haut. Depuis la fenêtre, avec notre aspirateur à abeilles (avec un coffre intermédiaire pour les récupérer), nous avons dû nous relayer avant de parvenir à nos fins.

 

Q : Quelles sont vos motivations ?

Romuald : La curiosité, l’envie d’apprendre et puis je trouve ces bêbêtes sympathiques ! J’ai envie de produire du miel, pas de manière industrielle, mais suffisamment pour m’amuser. Actuellement, j’ai une ruche active, je voudrais passer à dix cette année.

Marc : J’en ai personnellement huit, dont six actives et ça m’a pris trois ans pour y parvenir. La première année, l’essaim n’est pas resté dans la ruche, donc j’ai été apiculteur trois jours ! La deuxième année, la reine de l’essaim est morte à la fin de l’été et la saison a été perdue également. C’est seulement depuis la troisième année que mon rucher vit.

Cette passion s’inscrit dans une démarche personnelle de protection de la nature, mais je trouve aussi du plaisir lorsque je prends soin de mes ruches, que j’ai construites de mes propres mains ; j’avais depuis longtemps envie de travailler le bois, l’apiculture m’a donné l’occasion de me lancer. Enfin, observer les flux d’abeilles qui entrent et sortent de leur ruche a un côté hypnotique très agréable.

 

Q : Où sont situées vos ruches ?

Romuald : Dans mon jardin actuellement, mais si je veux installer mes dix ruches, il va falloir que je trouve des terrains pour les accueillir.

Marc :  J’habite en appartement, mais j’ai la chance d’avoir un agriculteur en face de chez moi. Nous avons un arrangement : il accueille mes ruches et je dois lui donner une partie de ma production.

 

Q : Elle est importante ?

Marc : L’an dernier, deux kilos, c’est très peu. J’espère passer à au moins une dizaine de kilos cette année.

Romuald : Je n’ai commencé que l’an dernier, donc j’espère réaliser ma première récolte au printemps !

Q : Une anecdote pour conclure ?

Marc : Pendant le confinement, les apiculteurs pouvaient sortir s’occuper de leurs ruches. Donc nous avons pu passer pas mal de temps à l’air libre !