Panduza, pour un labo connecté 2.0

Le projet open source Panduza a pour but de promouvoir un écosystème logiciel permettant à terme de piloter le matériel des laboratoires d’électronique. Rencontre avec Xavier, Bryan et Antoine, tout heureux d’avoir été sélectionnés à l’issue de la première phase de l’appel à projets « Into the Lab #1 ».

Pour rejoindre le projet durant votre stage PFE, ou pour découvrir toutes les offres de stages chez ELSYS Design, rendez-vous sur notre site emploi (Contrats > Stage). Il est également possible de déposer une candidature spontanée.

Q : Comment définissez-vous Panduza ?

Panduza est un projet open-source qui a pour but de standardiser les interfaces des appareils électroniques via le protocole MQTT. Pour rappel, MQTT, également open-source, s’utilise déjà dans le domaine de la domotique, aussi bien à la maison qu’en entreprise.

Nous voulons faciliter l’émergence d’un meilleur écosystème logiciel (frameworks de tests, application de contrôle, web app de contrôle…) afin de pouvoir piloter à distance les équipements d’un laboratoire d’électronique.

 

Q : A quel besoin Panduza répond-il ?

Dérouler un plan de tests dans un labo, c’est souvent long, fastidieux, plus ou moins reproductible dans le temps et les opérations se font majoritairement à la main, ce qui augmente le risque d’erreurs. En premier lieu, nous voulons ainsi rendre possible l’automatisation des plans de tests.

 

Ensuite, le matériel présent dans les labos coûte cher (cartes client, étuves lourdes etc.) et la compétence pour l’utiliser n’est pas toujours présente. Avec un contrôle distant, on pourrait mettre en commun l’utilisation de ce matériel.

Prenons l’exemple d’un projet multicentres chez ELSYS Design : un référent pourrait mettre en place le montage dans le labo de Cachan, et les équipes de Rennes et Toulouse pourraient lancer leurs tests à distance. Actuellement, il faut soit dupliquer le banc de tests, soit le transférer, soit prévoir un déplacement d’ingénieurs.

Enfin, si un test critique échoue à 21h, on pourrait recevoir une alerte et le relancer à distance depuis chez nous sans avoir besoin d’attendre le lendemain matin. Un peu comme un responsable IT qui a la possibilité de se connecter au réseau à tout instant.

 

Q : Quel impact d’un point de vue sécurité ?

Le MQTT, sur lequel s’appuie Panduza, est un protocole open source de messagerie qui assure des communications non-permanentes entre des appareils par le transport de leurs messages. Ce protocole implémente une couche de sécurité.

De plus, le réseau d’une entreprise dispose également de protocoles d’accès sécurisés.

Panduza s’intègre dans cet environnement.

 

Q : Existe-t-il déjà des solutions sur le marché pour l’automatisation de tests ?

Tout d’abord, les fabricants de matériel électronique rendent de plus en plus possible le pilotage de leurs équipements, contrairement à il y a vingt ans où l’interface de contrôle n’existait pas.

Néanmoins, si on prend cinq oscilloscopes du marché, on aura cinq méthodes différentes, avec des documentations inégales pour mettre en place la fonctionnalité.

Si on s’intéresse maintenant spécifiquement au marché du banc de tests, seul LabView propose des solutions de contrôle de test dans ses laboratoires, mais le coût des licences est très élevé (plusieurs dizaines de milliers d’Euros), l’environnement est fermé et le nombre d’appareils compatibles limité.

Pour résumer, le test est un besoin critique qui concerne quasiment tout le monde dans l’embarqué.

Les coûts ne font qu’augmenter car les plans de test s’allongent d’année en année. Pour autant, peu ont les moyens de se payer des licences à plusieurs dizaines de milliers d’Euros pour les automatiser. On parle des start-up bien entendu, mais pas seulement : chez ELSYS Design par exemple, les prestations LabView sont facturées à part et tous nos clients ne les valident pas systématiquement car leur coût est très élevé à cause de la licence.

 

Q : Quelle solution proposez-vous ?

La vision de Panduza est de réaliser une API afin de favoriser la création d’un écosystème logiciel indépendant du matériel. Nous voulons développer les briques logicielles en-dessous.

 

Q : Quelle sera la principale difficulté ?

Il y a beaucoup de cibles techniques à adresser, donc beaucoup de ressources seront nécessaires. D’où notre volonté de rendre la solution open source afin que la communauté puisse participer à l’effort.

Comment la motiver ? Il faut que le projet soit intéressant et réponde à des besoins, il faut aussi qu’il y ait une forte impulsion de l’équipe Panduza au départ pour que des gens puissent utiliser tel quel le cœur du logiciel, et n’aient ensuite besoin que de réaliser les développements complémentaires.

Le principal challenge réside dans le démarrage.

 

Q : Justement, par quoi allez-vous commencer pour motiver la communauté à vous suivre ?

Grâce à ADVANS Lab, nous allons pouvoir développer une application permettant le test de cartes via BoundaryScan qui sera indépendante des sondes JTAG et I/O utilisées.

Pour rappel, le BoundaryScan permet de tester électriquement des cartes électroniques qui sortent de l’usine. On se connecte en JTAG au processeur afin de piloter les I/O et, grâce au schéma de la carte, on peut réaliser un plan automatisé pour activer les différentes pistes de la carte. Actuellement, ce BoundaryScan n’est accessible qu’à partir de 15 000€ ; il n’est que très rarement réalisé pour de la petite ou de la moyenne série.

Avec nos premiers stagiaires, nous souhaitons créer un logiciel open source compatible avec n’importe quel JTAG permettant de réaliser ce BoundaryScan, une opération somme toute assez basique.

Donc on pourrait tester les cartes sans coût de licence et sans surplus de matériel. Ça peut devenir une plus-value pour nos clients.

 

Q : Et au niveau du business model, comment voyez-vous les choses ?

Nous imaginons un modèle économique proche de Linux : un cœur gratuit, la communauté qui l’enrichit, et ensuite des services payants pour ELSYS Design, voire des solutions logicielles spécifiques (ex : du temps-réel).

Les besoins en embarqué évoluent en permanence : nouveaux protocoles, nouveaux appareils avec des manières différentes de les piloter. Donc sans communauté, ça ne peut pas marcher.

La force d’un modèle comme celui de Linux, c’est que dès qu’un nouveau besoin arrive, quelqu’un développe la fonctionnalité et la propose à la communauté.

Un peu comme Linux, nous imaginons posséder au sens open source du terme la fondation Panduza, qui orienterait la roadmap technique de la branche principale du projet. ELSYS Design pourrait ensuite vendre des services autour.

 

Q : Comment l’idée vous est-elle venue ?

Lors d’un projet, nous avions de grosses difficultés pour piloter quelques IO, SPI et I2C d’une carte.

Nous avons livré notre code au client, mais il s’est avéré qu’il utilisait des sondes différentes, donc il a fallu reprogrammer les scripts. Résultat, mécontentement du client, double travail, surcoût pour ELSYS Design et le client.

Plus généralement, les projets deviennent de plus en plus complexes, les procédures de tests de plus en plus longues, donc nous voudrions les automatiser.

 

Q : Quel est le stade d’avancement du projet ?

Nous avons déjà développé des éléments qui nous permettent de piloter des I/O et des alimentations du labo de Cachan.

Nous estimons avoir atteint une architecture mâture du protocole : le moteur est créé donc, il reste à coder les autres compartiments. Et c’est là que nous avons appris le lancement de l’appel à projets « Into the Lab ».

 

Q : Vous avez-donc franchi la première étape de sélection. Une réaction ?

Nous sommes hyper contents ! C’est une forme de reconnaissance qui nous conforte dans l’idée que notre idée tient la route. C’est un moteur de motivation supplémentaire qui nous donne confiance.

 

Q : Dernière question : pourquoi Panduza et ce logo rigolo ?

En premier lieu, le principe du projet est de piloter un grand panel d’appareils, cela nous a évoqué une sorte de méduse.

Ensuite, il existe déjà un projet open source pour tous les animaux du règne animal. Comme Bryan aime les pandas, le nom Panduza est apparu, un mix méduse / panda !

Enfin, le frère d’Antoine, qui est graphiste, nous a fait ce logo 😊